Education : la pandémie de coronavirus a accentué les inégalités dans le monde

La pandémie de Covid-19, qui a privé d'école la plupart des enfants dans le monde, pourrait fragiliser encore davantage les traditionnels laissés-pour-compte de l'éducation : les fillettes, les enfants pauvres, les enfants handicapés… Beaucoup risquent de ne jamais retourner à l'école, s'alarme un rapport de l'Unesco.

Dramatique mais prévisible constat : la pandémie de Covid-19 a aggravé les disparités dans l'éducation dans le monde. Un rapport de l'Unesco publié ce mardi montre que la pandémie, génératrice de perturbations sans précédent dans l'éducation, pourrait fragiliser encore davantage les traditionnels laissés-pour-compte de l'éducation : fillettes, pauvres, handicapés. « Même avant le Covid-19, l'exclusion totale de l'éducation touchait un jeune sur cinq. Des millions d'autres sont marginalisés au sein même de leur salle de classe à cause de la stigmatisation, des stéréotypes et de la discrimination. La crise actuelle va perpétuer ces différentes formes d'exclusion », souligne-t-il.

Durant la pandémie, plus de 90 % des écoliers et des étudiants ont été touchés par les fermetures d'établissement. « Les expériences du passé - comme avec Ebola - ont montré que les crises sanitaires pouvaient laisser un grand nombre de personnes sur le bord du chemin, en particulier les filles les plus pauvres, dont beaucoup risquent de ne jamais retourner à l'école », affirme la directrice de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture, Audrey Azoulay, dans l'avant-propos du rapport.

Car partout, sauf dans « les pays à revenu élevé d'Europe et d'Amérique du Nord, pour 100 jeunes parmi les plus riches qui achèvent le deuxième cycle de l'enseignement secondaire, ils ne sont que 18 parmi les jeunes les plus pauvres à y parvenir ». « Dans 20 pays au moins, pour la plupart situés en Afrique subsaharienne, pratiquement aucune jeune femme pauvre de milieu rural ne mène ses études secondaires à leur terme », relève encore le rapport. En 2018, l'Afrique subsaharienne abritait déjà le plus grand nombre de jeunes non scolarisés, dépassant pour la première fois l'Asie centrale et du Sud : 19 % des écoliers, 37 % au niveau du collège, 58 % des lycéens potentiels.

Fillettes et enfants handicapés, les premiers exclus

Dans le monde, près de 260 millions de jeunes n'avaient pas accès à l'éducation, soit 17 % de ceux en âge d'être scolarisés. Et parmi les premiers exclus figurent les enfants défavorisés, les fillettes et jeunes filles, les enfants en situation de handicap, ceux issus de minorités ethniques ou linguistiques, les migrants…

Ainsi, « les élèves de 10 ans des pays à revenu moyen et élevé ayant reçu un enseignement dans une langue autre que leur langue maternelle obtiennent généralement des résultats inférieurs de 34 % à ceux des locuteurs natifs dans les tests de lecture ».

Et encore : « Dans dix pays à faible et moyen revenu, les enfants handicapés ont 19 % de chances en moins d'atteindre un niveau minimum en lecture que ceux qui ne sont pas handicapés. » Mais partout, le handicap peut être un obstacle à l'inclusion, notamment du fait des « croyances discriminatoires des parents ».

Pas d'Internet, pas d'apprentissage à distance

La crise sanitaire actuelle a plus que jamais mis en évidence ces fractures. « Alors que 55 % des pays à faible revenu ont opté pour l'apprentissage à distance en ligne dans l'enseignement primaire et secondaire, seuls 12 % des ménages des pays les moins avancés ont accès à l'Internet à domicile. Même les approches qui ne nécessitent que de faibles moyens technologiques ne peuvent garantir la continuité de l'apprentissage. Parmi les 20 % de ménages les plus pauvres, seuls 7 % disposent d'une radio en Ethiopie et aucun n'a de télévision », citent les auteurs de l'étude à titre d'exemple.

« Dans l'ensemble, environ 40 % des pays à faible revenu et à revenu intermédiaire inférieur n'ont pas réussi à soutenir les apprenants menacés d'exclusion », soulignent-ils. Sans omettre de pointer les lacunes des pays riches : « En France, jusqu'à 8 % des élèves ont perdu le contact avec les enseignants après trois semaines de confinement. »

Sur ces différents constats, le rapport élabore une série de recommandations pour une éducation inclusive, à commencer par des politiques volontaristes, car « de nombreux gouvernements » n'ont pas encore mis en œuvre de principe d'inclusion. L'Unesco juge aussi nécessaire des financements ciblés.

Source AFP

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