Le manuel scolaire, une fausse évidence historique

Depuis une trentaine d’années, la question de la définition du manuel scolaire est soulevée de manière récurrente par les historiens de l’éducation.

 L’objectif de l’auteur est de faire le point sur les divers aspects d’un débat théorique qui anime périodiquement la communauté scientifique internationale.

 Pour rendre compte de la nature et de l’identité du manuel, l’auteur, qui fonde sa réflexion sur l’analyse de la littérature scientifique mondiale consacrée à l’histoire du livre et de l’édition scolaires, adopte quatre perspectives complémentaires.

 Quels vocables emploie-t-on (ou a-t-on employés) pour désigner le manuel scolaire, et quelles conclusions relativement à sa nature, ses fonctions ou ses usages peut-on tirer de cet inventaire ? Quelles limites, quelles frontières séparent ou ont séparé le « territoire » des manuels scolaires et celui de catégories éditoriales voisines ? Le manuel est-il nécessairement un livre, et un livre imprimé, ou peut-il revêtir d’autres formes et par suite impliquer d’autres usages ? Sont enfin évoqués les problèmes méthodologiques mis en évidence par le recensement des collections de manuels, et tout particulièrement des questions liées à la catégorisation et à la typologie.

Les historiens ont été la première communauté scientifique à s’intéresser, dans les années 1960, aux livres scolaires anciens, mais il a fallu encore attendre près de deux décennies avant que n’apparaisse, en réaction à la médiocrité des investigations menées jusque-là2, une réflexion critique sur les problématiques et les méthodes de la recherche historique sur les manuels scolaires.

 Au même moment, un intérêt nouveau pour le patrimoine culturel que constitue la littérature scolaire et le souci d’accéder à des collections dispersées, mal conservées et rarement inventoriées, suscitaient dans le monde un certain nombre d’initiatives visant à les recenser, ce qui amenait à poser une question étonnamment éludée jusque-là : « Qu’est-ce qu’un manuel scolaire ? ».

Cette question de la nature et de l’identité du manuel est soulevée de manière récurrente depuis lors, notamment par les historiens, comme en atteste la continuité des productions historiques qui, depuis une trentaine d’années, y consacrent souvent un chapitre liminaire ou en traitent parfois de manière spécifique3.

 Notre objectif est de tenter de faire le point sur les divers aspects d’un débat théorique qui anime périodiquement la communauté scientifique internationale, et tout particulièrement celle des historiens.

 Cette réflexion se fonde sur une analyse de la littérature scientifique mondiale consacrée à l’histoire du livre et de l’édition scolaires, dont nous avons effectué l’inventaire systématique sur une cinquantaine d’années4.

Pour rendre compte des diverses dimensions impliquées dans ces échanges assez complexes, nous nous placerons selon quatre perspectives différentes, à notre sens complémentaires.

 On s’intéressera d’abord au lexique : quels vocables emploie-t-on (ou a-t-on employés) pour désigner le manuel scolaire, et quelles conclusions relativement à sa nature, ses fonctions ou ses usages peut-on tirer de cet inventaire ? Le second angle d’analyse est lié à la délimitation du concept, c’est-à-dire à son champ sémantique : quelles limites, quelles frontières séparent ou ont séparé le « territoire » des manuels scolaires et celui de catégories éditoriales voisines ? Le troisième concerne les supports du manuel et ses modalités de diffusion et d’utilisation : est-il nécessairement un livre, et un livre imprimé, ou peut-il revêtir d’autres formes et par suite impliquer d’autres usages ? Le quatrième et dernier porte sur une série de problèmes méthodologiques mis en évidence par le recensement des collections de manuels, et tout particulièrement sur les questions liées à la catégorisation et à la typologie.

Cet exercice n’a donc pas la prétention d’apporter des réponses nouvelles, ni a fortiori des réponses définitives, à une question qui reste largement ouverte, comme en témoigne la tenue d’une récente manifestation scientifique5 ; il vise à rassembler un certain nombre d’éléments susceptibles d’aider les chercheurs à cerner un objet d’étude qui revêt, sous une trompeuse apparence, une particulière complexité.

Pour en lire plus : https://journals.

openedition.

org/histoire-education/565

Ajouter votre commentaire

Image CAPTCHA