Entretien avec l’auteur iranien contemporain Mohammad Tolouei (II)

En général, le genre de la nouvelle divise les lecteurs. Certains aiment les nouvelles, d’autres non. Où se situe votre livre par rapport à ces deux tendances ? Réussit-il à échapper à l’arbitraire de ces goûts ?

Oui, puisque, comme je l’ai évoqué, ce livre est fait d’une série de courtes nouvelles qui se succèdent. Cela donne l’impression de lire un roman. Les Iraniens ont tendance à aimer deviner ce qui va arriver aux personnages du livre à la fin.

Un certain nombre d’auteurs contemporains écrivent des livres dans l’espoir qu’ils soient un jour adaptés au cinéma. Que pensez-vous de cette tendance ?

C’est une tendance qui est également très présente hors de l’Iran et elle imprègne à la fois les écrivains et les agents artistiques. C’est un phénomène obligeant parfois les écrivains à modifier leur récit pour que le film qui en est tiré soit plus intéressant. En Iran cependant, les choses se passent différemment puisque le droit des scénarios est le plus souvent vendu à des compagnies de production étrangères. Quant à moi, il m’est arrivé que certains me demandent d’arranger des scénarios à partir de leurs romans.

Quelles sont les différences entre l’écriture d’un roman et celle d’un scénario adapté d’un roman ?

L’une des différences est que les scénarios en soi ne sont pas faits pour être lus. Ils existent pour devenir des films. Lorsqu’un écrivain rédige un roman, il n’est pas obligé de se mettre à la place de son lecteur, à l’inverse du scénariste qui doit penser aux rôles d’un grand nombre de personnes, du réalisateur aux acteurs. Pour moi, la littérature n’a rien à voir avec le cinéma. La liste des films sortis ces dernières années montre qu’ils sont généralement adaptés et que la réalisation d’un film sur la base de scénarios originaux devient de plus en plus rare. C’est le cas en Iran et à l’étranger. Je pense que cette relation entre la littérature et le cinéma peut favoriser l’épanouissement des deux domaines d’un point de vue économique.

Pensez-vous que l’accueil d’un livre dépend aussi de la publicité dont il est l’objet ?

Je suis d’accord avec cela. En Iran, on fait peu pour promouvoir les livres. Ils n’ont pas de visibilité auprès des lecteurs. C’est donc l’écrivain lui-même qui doit faire connaître son œuvre et pour cela, il a parfois recours à l’exagération et même au mensonge. L’objectif premier de certains écrivains est d’obtenir des prix, et non pas de gagner des lecteurs.

 

La Source: Teheran.ir

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