Le monde après le coronavirus ?

Une crise sanitaire planétaire provoquée par un petit machin microscopique appelé coronavirus a profondément ébranlé, et cela en peu de temps, les structures internationales, et bouleversé le monde. En déclenchant une pandémie mortelle, quelque chose d'invisible a mis au grand jour la faiblesse de l’Ordre international, exposant la fragilité du monde interconnecté où aucun pays ne peut se considérer comme une entité distincte.

La lutte contre le nouveau coronavirus constitue le plus grand défi qu'aient connu les pays du monde Allemagne depuis la Deuxième Guerre mondiale, a

Le monde est confronté à un défi mondial sans précédent et les pays se concentrent à juste titre sur la lutte contre le COVID-19, ce mystérieux virus qui est apparu pour la première fois en novembre dernier en Chine.

Endeuillé, le monde compte chaque jour un peu plus ses morts, qui sont désormais plus de 50 000 décès dans près de 180 pays du monde (Jusqu’à ce vendredi 3 avril depuis le début de l’épidémie). Plus de la moitié de la population mondiale est confinée  et des gouvernements multiplient des mesures de contrôle « drastiques ». Les marchés boursiers sont en chute libre l’un après l’autre et ne parviennent pas à se stabiliser.

Afin de ralentir la propagation du coronavirus, et pour ne pas prendre le risque de saturer les services hospitaliers, divers pays ont recommandé à leurs entreprises et administrations de maximiser le recours au télétravail, autant que faire se peut. Les usines et les commerces non-alimentaires restent fermés jusqu’à nouvel ordre et les transports publics sont en bernes.

L’Ordre international a été confronté à diverses crises et problèmes au cours des dernières décennies, mais aucun d'entre eux n'a pu impliquer autant de pays. Le virus passe les frontières parce qu'il est le compagnon d'un homme ou d'une femme et les contaminations se multiplient hors de Chine (épicentre de l’épidémie), du Japon aux États-Unis en passant par l’Iran, l’Asie et l'Europe pour gagner du terrain en Afrique.

Bien que l'ère de la guerre froide ait créé un ordre bipolaire sur plan sécuritaire et que les événements du 11 septembre aient déclenché des changements dans les tendances internationales et provoqué de nouvelles crises sécuritaires mais jamais, depuis 1945, le monde n'avait connu une situation aussi instable. C'est une situation «sans précédent, une crise qui va être plus sévère que celle du 11 septembre 2001 ou que la crise financière de 2008.

Aujourd'hui, l'épidémie du coronavirus a profondément ébranlé les structures internationales sur plan sanitaire, sécuritaire, économique et social, a plus que jamais exposé la faiblesse du système international contre un phénomène universel.

Dans une interview avec 10 éminents professeurs et analystes politiques iraniens spécialistes des questions internationale, l’Agence de presse officielle  de la République islamique d’Iran, IRNA, les interroge sur l’après épidémie du coronavirus et ses conséquences dans les évolutions internationales.

Voici les points de vue des interlocuteurs de l’IRNA:

- Majid Tafrechi, éminent analyste politique

Lorsque nous parlons des impactes du coronavirus sur les évolutions internationales, nous devons réaliser que cette question aura  à la fois des conséquences immédiates, à moyen et à long terme,  sans oublier ses dimensions nationales, régionales et internationales. En ce qui concerne ces effets immédiats, il faut se concentrer bien sûr, sur la santé humaine car la santé publique est étroitement liée à la protection de la vie des citoyens. Quant aux retombées futures de cette crise, nul doute que l'épidémie peuvent avoir un impact économique, social, politique et économique voir culturel. Cette crise sanitaire peut provoquer des problèmes pas tout de suite mais dans un future lointain et après l’endiguement de la maladie.

En Iran et dans le monde, le coronavirus a rendu les revendications des peuples vis-à-vis de leurs gouvernements respectifs plus sérieuses et plus transparentes, ne laissant aucune place à la corruption ni aux approches intéressées politiques des parties rivales. Une lutte efficace et une gestion réussie pour vaincre ce virus émergent, passe inévitablement par la coopération, la communication, la transparence et l'ouverture totale et par conséquence la supervision nationale.

Il en va de même dans le domaine plus large, soit régional ou international. Aux États-Unis, on voit bien que contrairement aux slogans donnés avant ou même après le 11 septembre, la stratégie de repli prônée par Donald Trump a aggravé l'épidémie dans ce pays et mis en lumière l'affaiblissement de la démocratie du champion auto-proclamé de « l'Amérique d'abord » poussé à l’extrême par le Président milliardaire.

D’une somme de destins individuels, l’enjeu sanitaire du coronavirus fait un seul destin collectif et les Etats-Unis dont le bilan des cas d’infection l’a mis à la tête des pays touchés n’en est pas à l’abri.  

Le fait que l’ « America first » s’est classé premier dans la maladie montre bien que Washington ne peut pas séparer son sort de la communauté internationale. Je pense donc que le coronavirus va apporter des changements encore plus profonds aux Etats-Unis, par rapport à l’après 11 septembre. Le spectre du coronavirus n’a rien à voir aujourd’hui avec les autres épisodes de panique ou de dévastation que le pays a connus. Il s’agit d’un traumatisme qui conduira à un nouvel ordre mondial.

Une situation qui pousserait le monde, et en particulier les grandes puissances, à réviser sérieusement leurs investissements axés en grande partie sur les projets à des fins militaires, bellicistes et nucléaires et à se focaliser plutôt sur la reconstruction et la modernisation des infrastructures sanitaires ou encore à la situation des économies fragiles ou en faillite.

Bien que l'on parle ces jours-ci des effets du coronavirus sur les grandes sociétés, le plus grand impact de la Covid-19 serait sur les petites et moyennes entreprises beaucoup plus fragiles.

Face à ces faillites, Il existe plusieurs scénarios envisageables. On peut peut-être penser aux assureurs, mais les contrats d’assurance n’avaient pas prévu ce type d’aléa et eux-aussi risquent de tomber dans la faillite. Pour Majid Tafrechi, cela conduira à une crise voire à la faillite des compagnies d'assurance et des institutions financières et de crédit et à l'émergence d'une crise bancaire. Dans de telles circonstances, les gouvernements se tournent vers la création de nouveaux crédits et l'impression de billets de banque, ce qui conduit à une forte inflation mondiale, il n'y a donc pas d'autre option que de réduire d'autres budgets énormes et des initiatives inutilement ambitieuses, y compris le militarisme et les courses aux armements.

Le coronavirus peut également avoir un impact significatif sur l'Union européenne, et désormais, les Européens sont très préoccupés par leur avenir et ont de sérieux désaccords sur le sort des 27. Certains disent qu'en raison des défis sociaux et économiques communs dans la région, l’épidémie du coronavirus peut conduire à une plus grande unité intereuropéenne. Mais pour certains d’autres la solidarité européenne aux niveaux sanitaire et budgétaires est à l'épreuve du coronavirus.

Confrontée à une crise sanitaire qui risque de mettre l'économie de l'UE à genoux, les 27 ne parviennent pas à s'entendre sur une riposte commune forte. Des plaintes de pays à économie fragile, en particulier l'Italie et l'Espagne, touchés de plein fouet par l'épidémie, sont entendus. Ils pensent que s'ils avaient quitté l'Union européenne comme le Royaume-Uni, leurs problèmes auraient été moins graves dans ce genre de situation et ils n'auraient pas eu à partager, au nom de l’UE, les coûts et les dépenses des pays encore plus pauvres. On ne sait pas pour le moment quelle option serait dominante ? Il parait qu’un leadershipe germano-français et une volonté d'aider à résoudre les problèmes au sein des 27 cherche à jouer un rôle clé au service de l’avenir et de la survie de l’Union.

Source: fr.irna

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