La protection de l’environnement en Iran : vers un développement réellement "durable" ?

Doté de richesses naturelles sans pareilles, l’Iran a subi, au cours du XXe siècle, d’importantes dégradations de sa faune et de sa flore dont un grand nombre furent irréversibles. Si des politiques visant à protéger le milieu naturel ont été progressivement élaborées, elles ont du faire face à de nombreuses contraintes internes et externes qui les ont souvent reléguées au second plan, face à des préoccupations politiques et économiques de court terme. Cependant, les engagements multiples conclus par l’Etat iranien au niveau international au cours des dernières années et l’importante mobilisation de la société civile sur ces questions laissent entrevoir un changement de fond. En outre, la prise de conscience du potentiel touristique représenté par les atouts naturels de l’Iran a motivé la mise en place de tout un lot de politiques coordonnées visant à promouvoir tant bien que mal et malgré la présence d’innombrables obstacles, un développement " durable ".

La surexploitation des ressources naturelles causée par l’industrialisation du pays et l’augmentation rapide de la population a provoqué un fort processus de déforestation et de désertification de son territoire. L’Iran a ainsi subi une baisse drastique de la surface de ses forêts les plus importantes, notamment celles du Zagros et de la mer Caspienne, dont la commercialisation du bois à grande échelle a contribué à décimer les arbres les plus rares. De façon plus générale, la surexploitation des pâturages, la destruction des végétaux, et la pollution des sols ont entraîné la disparition de milliers d’hectares d’espaces verts tout en provoquant un processus d’érosion des sols et de désertification aggravé par la sécheresse de ces dernières années. Ce processus a également provoqué l’assèchement de nombreux lacs, une baisse du niveau de la mer Caspienne, ainsi qu’une diminution globale de la surface des marais. La transformation de milliers d’hectares de zones humides et de réservoirs d’eau naturels en zones agricoles ou industrielles a également induit une réduction drastique des zones humides et végétales. Quant aux étendues d’eau restantes et aux rivières, elles ont été progressivement polluées par les multiples déchets industriels et les déversements d’eaux usées qui ont entraîné l’apparition de nouvelles maladies végétales et animales, causant la disparition des espèces les plus fragiles.

Dans le sud du pays, les opérations d’extraction de pétrole et de dégazage ont également causé d’importants dégâts écologiques. En outre, les perturbations climatiques aggravées par ces pollutions ont eu pour conséquence une augmentation du niveau de la mer dans le golfe Persique et la mer d’Oman, causant la dégradation des forêts de mangrove.

La mer Caspienne a également subi la destruction d’un grand nombre de ses écosystèmes et de sa faune. Au cours des dernières décennies, les multiples complexes pétrochimiques et les raffineries de la péninsule d’Absheron en Azerbaïdjan y ont ainsi déversé des milliers de tonnes de déchets toxiques, entraînant une réduction drastique du nombre d’oiseaux et d’esturgeons - également victimes de la surpêche - et des dégâts écologiques irréversibles. Si l’on y ajoute la masse de déchets non traités de la Volga qui s’y déverse quotidiennement et les investissements projetés en vue d’exploiter les réserves énergétiques de la Caspienne, le plus grand lac du monde est fort susceptible de se transformer progressivement en une véritable déchetterie si aucune coopération internationale n’est mise en place.

De plus, le problème de la pollution de l’air touche de façon aiguë la capitale mais aussi de grandes villes de province comme Tabriz. A Téhéran, la circulation de milliers de véhicules non équipés de pots catalytiques, le prix bas de l’essence, et sa situation géographique en font une des villes les plus polluées au monde où les taux de monoxyde de carbone atteignent des niveaux record [1].

Les dommages infligés au milieu naturel n’ont bien évidemment pas été sans conséquence sur l’évolution de la vie animale et végétale, causant la disparition de multiples espèces et menaçant d’extinction de nombreuses autres telles que le guépard d’Iran, la gazelle indienne, l’urial ou encore l’onagre du désert [2]. La chasse et le braconnage, qui demeurent largement pratiqués dans de nombreuses régions d’Iran, contribuent à aggraver ce phénomène. De plus, la surpêche pratiquée dans l’ensemble des lacs et rivières du pays a entraîné une baisse importante de la faune aquatique, aggravée par la pollution causée par les milliers de tonnes de déchets toxiques qui y sont déversées annuellement.

Au niveau de la population, ces phénomènes ont également obligé de nombreuses tribus nomades touchées par l’appauvrissement progressif des ressources du milieu naturel à migrer ou même parfois à se sédentariser.

 

la source: Tehran.ir

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