L’éducation des adultes chez les 16 à 18 ans

Comment expliquer l’utilisation quasi automatique des programmes de formation aux adultes par une majorité d’élèves de 16 à 18 ans vus comme étant des élèves handicapés ou en difficulté d’apprentissage ou d’adaptation (EHDAA) au secteur jeunes? Ce passage de l’école des jeunes à celle des adultes est-il lié à des aspirations professionnelles légitimes? Une étude de cas de type microtechnographique (Bogdan et Biklen, 1998) a permis de documenter les raisons qui motivent les jeunes de 16 à 18 ans ayant des difficultés à recourir à l’éducation des adultes[1]. Cette même étude a aussi permis de mieux comprendre l’expérience scolaire de ces jeunes, de même que les fondements derrière leur décision d’arrêter ou de poursuivre leur formation scolaire.

Notre intérêt pour la formation générale dispensée au secteur des adultes s’inscrit dans une perspective globale d’étude sur la persévérance scolaire d’élèves ayant des difficultés importantes à l’école. Ainsi, nous sommes tout particulièrement interpellés par la situation des élèves handicapés ou en difficulté d’apprentissage ou d’adaptation (EHDAA) de 16 à 18 ans qui quittent le secteur des jeunes pour celui des adultes. Précisons que la Loi sur l’instruction publique (2000) autorise ces élèves, toujours en quête d’un diplôme d’études secondaires, à effectuer ce changement de régime. Notre préoccupation pour les élèves coïncide aussi avec une importante croissance de l’effectif de l’éducation aux adultes dans la province de Québec (128 200 en 1999-2000 à 158 793 en 2005-2006) (CSE, 2008). En effet, pour plusieurs élèves québécois accusant des retards scolaires, le secteur des adultes devient une alternative fortement exploitée, alors que les moins de 25 ans comptent pour plus de la moitié de l’effectif inscrit en formation générale au secteur des adultes et que près des deux tiers d’entre eux sont âgés de 16 à 19 ans, arrivant directement de la formation initiale du secteur jeunes (MELS, 2005b).

Étonnamment, à la lecture de nombreux extraits du rapport Parent (Corbo et Rocher, 2002), il semble que plus de quarante ans après sa publication les propos du comité de rédaction, sous la présidence de Mgr Alphonse-Marie Parent, sont toujours aussi pertinents lorsqu’il est question de l’éducation aux adultes : « Il faut prendre des mesures d’urgence en vue d’aider tous nos jeunes et tous nos adultes à trouver de l’emploi; il faut offrir divers cours à temps partiel et divers cours par correspondance à tous ceux qui n’ont pas terminé leurs études secondaires » (Recommandation 468 du rapport Parent, dans Corbo et Rocher, 2002, p. 287). Ces propos historiques mais toujours d’actualité nous incitent à explorer certaines recommandations clés du rapport Parent pour ainsi mieux situer l’éducation des adultes aujourd’hui. Ainsi, nous confronterons les recommandations d’hier aux constats d’aujourd’hui.

Le rappel d’éléments clés du rapport Parent prend son origine dans la lecture de l’ouvrage de Corbo et Rocher (2002) qui rend compte de l’ampleur et de la complexité des travaux ayant mené à la rédaction du rapport Parent, en plus de reprendre environ le quart du rapport même. Précisons que l’œuvre originale, totalisant près de 1485 pages, fut publiée en trois tomes entre 1963 et 1966. Quant aux éléments présentés dans une perspective élargie de l’éducation des adultes, ils découlent d’une recension des écrits publiée dans l’une ou l’autre des provinces canadiennes.

Pour lire l’article : https://www.erudit.org/en/journals/ef/2010-v38-n1-ef3866/039985ar/abstract/

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