Une grammaire pour mieux écrire, collège de Marc Campana

Coll. Repères pour agir - Série « discipline » CRDP Créteil, 2002, 88p., 13€

L’auteur, professeur de lettres et formateur en IUFM, étudie dans ce petit livre un élément de la grammaire : la phrase.

Il ne néglige aucune piste : définition dans les manuels, histoire de la langue et apparition de la ponctuation, les phrases d’auteurs et celles des élèves, la prosodie, la confrontation entre l’oral et l’écrit...

De ses investigations, il tire des conclusions intelligentes et radicales : « Force est de constater que la constitution des savoirs à enseigner, dans le cas particulier de la phrase, relève d’une démarche applicationniste au terme de laquelle les auteurs des manuels scolaires n’ont à proposer aux enseignants (et aux élèves !) qu’une mouture édulcorée des savoirs savants.

» Voilà une bien belle et juste critique mais nous ne comprenons pas en quoi il faudrait la limiter au cas, si peu particulier, de la phrase.

Pour ce qui est de la relation entre oral et écrit, là aussi nous ne sommes pas surpris des conclusions mais cela ne déprécie en rien la démonstration tant les exemples et les explications sont nombreux.

« Il s’agit bien de deux systèmes indépendants, qui ne s’interpénètrent que dans des situations très particulières : quand l’écrit transcrit de l’oral, quand l’oral transmet de l’écrit.

» L’auteur ne cesse dans cet ouvrage de nous restituer le point de vue des élèves avec une justesse rare : « Pourquoi donc s’offusquer que des enfants ‘‘écrivent comme ils parlent’’ ? A l’opposé il n’est pas rare, dans les classes, que l’oral de tous les jours soit stigmatisé, entravé dans son authenticité, ponctué de ‘‘fais des phrases quand tu parles !’’, comme si l’on devait parler comme on écrit.

Pris dans ces feux croisés de contradictions, il n’est pas étonnant que certains enfants ne comprennent pas tout à fait ce qu’on attend d’eux, à l’écrit comme à l’oral.» Dans ses conseils sur la didactique de la phrase, l’auteur prend soin de toujours mettre en parallèle le travail des élèves et celui des experts (les écrivains).

Cherchant ainsi à savoir si l’on a affaire à une erreur ou à un essai de style, fût-il maladroit.

Il s’intéresse non pas au nombre de marques de ponctuation dans le texte mais plutôt à la segmentation interphrasique et intraphrasique, à la cohérence sémantique et thématique...

Il donne des pistes précises, relatant des séances dans les classes.

L’écriture sans ponctuation comme expérience (le texte sera ponctué la séance suivante).

Sur un extrait des questions relevant de l’intelligence de la langue et de la segmentation du texte : quels mots trouvent leur sens dans le contexte de l’extrait, dans le contexte élargi du roman, grâce aux connaissances du lecteur sur le monde.

On aura compris que Marc Campana défend un apprentissage long et périlleux de la langue française contre un enseignement creux de concepts inutiles.

S’il défend brillamment la grammaire textuelle, c’est bien qu’il pense que la plus petite unité de sens est le texte, le texte dans toute sa complexité et dans sa dimension sociale comme le révèle cet extrait : « La prise en compte du destinataire : voilà encore une idée-force qui devrait traverser toute activité langagière à l’école (et ailleurs !), dans la perspective d’une acquisition de compétences communicationnelles indispensables à une circulation authentique des écrits, à leur socialisation.

» Enfin un livre de grammaire à lire !

Pour lire le texte intégrale gratuitement cherchez le nom de l'article:

Bruner, Jerome Seymour, and Yves Bonin. L'éducation, entrée dans la culture: les problèmes de l'école à la lumière de la psychologie culturelle. Paris: Retz, 1996.

Ajouter votre commentaire

Image CAPTCHA